Première partie
La Semaine
académique du Centenaire de la Première Guerre mondiale
s'est déroulée vendredi 25 avril 2014 dans le salon d'honneur de
l'ancien Hôtel de Ville de Saint-Denis, de 13h30 à 17H30.
D'abord ont eu lieu les discours
officiels, pour accueillir les participants et souligner l'enjeu de
la commémoration à l'île de La Réunion. Successivement sont
intervenus René-Louis Pestel, délégué à la Culture et au
Patrimoine de la ville de Saint-Denis, de Thierry Terret, Recteur de
La Réunion et Loïc Armand Sous-Préfet de Saint-Pierre, président
du comité départemental de la Mission du Centenaire 14-18.
Ensuite, Jean-Bernard Huet, IEN de la
Possession et Marie-Ange Rivière, IA-IPR d'Histoire Géographie, ont
fait le point des enjeux pédagogiques de la commémoration et des
projets menés dans l'académie, respectivement pour le premier et le
second degré.
Voici un compte-rendu de leurs
interventions.
M. Pestel a rappelé la volonté de
Saint-Denis, ville d'art et d'histoire, de travailler à la
construction d'une mémoire citoyenne tournée vers la paix. « Plus
jamais cela ! la guerre », « Plus jamais
cela ! l'esclavage » : les deux cris du cœur ne
suffisent pas, s'ils ne sont pas accompagnés d'une prise en compte
personnelle des souffrances des hommes, s'ils ne sont pas étayés
d'un travail pour faire revivre l'histoire et en transmettre les
enjeux, que ce soit, dans le cas précis du centenaire, une
association qui monte une exposition autour de Roland Garros ou bien
une exposition des dessins de Serge Huo-Chao-Si
Nous avons appris que M. Pestel a en sa
possession les carnets de guerre de son père, rédigés en 1916.
Nous sommes curieux de pouvoir découvrir, un jour, ce document qui
comme tous les autres du même genre a une valeur sentimentale mais
aussi un réel intérêt pour ceux qui veulent comprendre les
trajectoires individuelles dans la Grande Guerre.
Reprenant une partie de ses recherches
personnelles sur l'histoire du sport, M. Terret a montré comment
partir d'un événement qui peut nous apparaître étrange pour
interroger le passé, dégager les grandes lignes d'une logique à
l'oeuvre.
Dans son exposé, l'événement
déclencheur est la tenue en 1919 de jeux interalliés à Paris, sur
le stade Pershing, quelques mois après la boucherie de la guerre et
en parallèle avec les négociations de Versailles devant aboutir au
célèbre traité.
Et la logique sous-jacente est celle de
la stratégie culturelle de la diplomatie américaine. Stratégie
réalisée en grande partie par une association d'obédience
religieuse la Young Men's Christian Association.
Inauguration du stade Pershing à
Vincennes, le 26 juin 1919
Une épreuve de basket des Jeux
interalliés de 1919
M. Terret a détaillé le rôle de la
YMCA dans la Grande Guerre. Celui-ci se comprend comme préparation à
l'envoi de forces expéditionnaires américaines sur le front. Dès
1915, les volontaires de l'association créent les premiers foyers
franco-américains dans la zone arrière du front. Pour tous les
soldats qui ne peuvent rentrer chez eux lors de permissions, cette
zone est une sorte de refuge. Les poilus y trouvent des baraques
pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes, comportant une
salle d'accueil, une cantine, un coin correspondance, quelques jeux
ou la possibilité d'écouter un disque.
D'abord il y eut 4, 5 foyers. Bientôt
davantage. Puis, à partir de l'arrivée des troupes américaines sur
le sol européen, leur nombre explosa. L'extension a été planifiée
dans le cadre de l'effort de guerre négocié avec Pétain. Les
foyers devinrent les « foyers des soldats de l'union
franco-américaine ». A la fin de la guerre il y en avait 1500
réparties sur le territoire français.
L'enjeu était de soigner le moral des
troupes. Celui-ci étant indispensable à l'efficacité des troupes
au combat. Devant la brutalité de la guerre, ses atrocités
absurdes, il fallait tenir. En 1917 divers signes montraient que le
moral était délabré, voire vacillant sur certaines lignes de
front.
Une page du Net évoquant le moral des
troupes canadiennes :
Une autre du même site, le Musée
canadien de la Grande Guerre, montrant un autre type d'intervention
que les foyers, la fourniture de tabac aux troupes :
Un second enjeu, à plus long terme,
expliquant l'engagement précoce de la YMCA, est proprement culturel.
Les Américains s'efforçaient d'avoir une influence plus forte en
Europe, dans un pays aux traditions religieuses différentes ;
on pourrait presque parler d'une sorte d'acculturation
évangélique-sportive-économique et sociale.
Le fil directeur suivi permet donc bien
de voir , à partir du quotidien des Poilus et Sammies, par delà
l'horreur même de la guerre, que la guerre remplit de facto des
fonctions. Elle se révèle utile à la réalisation de certaines
ambitions, dans un contexte propice aux initiatives publiques comme
privées.
L'histoire militaire apparaît comme
reliée à d'autres, l'histoire économique et sociale, l'histoire
politique. D'où l'intérêt de recherches remettant en cause une
vision tronquée de la guerre, bousculant les méthodes d'enquête
centrées sur ce qui se passe au front pour envisager plus
globalement les choses dans une approche pluridisciplinaire.
Un article de la revue Hérodote.net,
d'André Larané sur l'entrée en guerre des Etats-Unis :
Après cet exposé original et
instructif, le Recteur a fait le bilan des actions pédagogiques
réalisées en 2013-2014, les projets du secondaire et ceux du
primaire sous la dénomination des Petits artistes de la mémoire ».
M. le Sous-Préfet a également pris
la parole pour faire un bilan d'étape. Il a donné quelques chiffres
de Réunionnais mobilisés, regroupés à Madagascar et envoyés au
front, parfois pour y mourir au champ d'honneur.
Il a ensuite évoqué la mobilisation
citoyenne sur l'île, en commençant par mentionner les deux
premières associations labellisées par la Mission du centenaire,
Slamlakour et Centenaires commémoratifs.
L'implication des professeurs et des
élèves dans des projets labellisés ou non, doit avoir pour rôle
de construire un héritage commun. Héritage d'autant plus important
qu'il s'agit aujourd'hui comme hier de rester vigilant, de se méfier
de réflexes qui conduiraient à entretenir des dissensions sans
fondement et même des ferments de haine au sein de la société.
Le projet cinématographique des élèves
du lycée Roland Garros du Tampon (Première L1) a été donné en
exemple. Mme Hoarau, professeur de cinéma de ce lycée a lancé la
projection du film pour que chacun se rende compte de l'implication
des jeunes talents.
La page (très fournie, beaucoup de réalisations à découvrir !) du lycée Roland Garros
consacrée à la commémoration :
La page de l'équipe du petit film intitulé "Si la Grande Guerre nous était contée..."
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