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dimanche 4 mai 2014

La Semaine académique du Centenaire de la Première Guerre mondiale, première partie


Première partie

La Semaine académique du Centenaire de la Première Guerre mondiale s'est déroulée vendredi 25 avril 2014 dans le salon d'honneur de l'ancien Hôtel de Ville de Saint-Denis, de 13h30 à 17H30.
D'abord ont eu lieu les discours officiels, pour accueillir les participants et souligner l'enjeu de la commémoration à l'île de La Réunion. Successivement sont intervenus René-Louis Pestel, délégué à la Culture et au Patrimoine de la ville de Saint-Denis, de Thierry Terret, Recteur de La Réunion et Loïc Armand Sous-Préfet de Saint-Pierre, président du comité départemental de la Mission du Centenaire 14-18.
Ensuite, Jean-Bernard Huet, IEN de la Possession et Marie-Ange Rivière, IA-IPR d'Histoire Géographie, ont fait le point des enjeux pédagogiques de la commémoration et des projets menés dans l'académie, respectivement pour le premier et le second degré.
Voici un compte-rendu de leurs interventions.

M. Pestel a rappelé la volonté de Saint-Denis, ville d'art et d'histoire, de travailler à la construction d'une mémoire citoyenne tournée vers la paix. « Plus jamais cela ! la guerre », « Plus jamais cela ! l'esclavage » : les deux cris du cœur ne suffisent pas, s'ils ne sont pas accompagnés d'une prise en compte personnelle des souffrances des hommes, s'ils ne sont pas étayés d'un travail pour faire revivre l'histoire et en transmettre les enjeux, que ce soit, dans le cas précis du centenaire, une association qui monte une exposition autour de Roland Garros ou bien une exposition des dessins de Serge Huo-Chao-Si

Nous avons appris que M. Pestel a en sa possession les carnets de guerre de son père, rédigés en 1916. Nous sommes curieux de pouvoir découvrir, un jour, ce document qui comme tous les autres du même genre a une valeur sentimentale mais aussi un réel intérêt pour ceux qui veulent comprendre les trajectoires individuelles dans la Grande Guerre.

Reprenant une partie de ses recherches personnelles sur l'histoire du sport, M. Terret a montré comment partir d'un événement qui peut nous apparaître étrange pour interroger le passé, dégager les grandes lignes d'une logique à l'oeuvre.
Dans son exposé, l'événement déclencheur est la tenue en 1919 de jeux interalliés à Paris, sur le stade Pershing, quelques mois après la boucherie de la guerre et en parallèle avec les négociations de Versailles devant aboutir au célèbre traité.
Et la logique sous-jacente est celle de la stratégie culturelle de la diplomatie américaine. Stratégie réalisée en grande partie par une association d'obédience religieuse la Young Men's Christian Association.

Inauguration du stade Pershing à Vincennes, le 26 juin 1919
Une épreuve de basket des Jeux interalliés de 1919

M. Terret a détaillé le rôle de la YMCA dans la Grande Guerre. Celui-ci se comprend comme préparation à l'envoi de forces expéditionnaires américaines sur le front. Dès 1915, les volontaires de l'association créent les premiers foyers franco-américains dans la zone arrière du front. Pour tous les soldats qui ne peuvent rentrer chez eux lors de permissions, cette zone est une sorte de refuge. Les poilus y trouvent des baraques pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes, comportant une salle d'accueil, une cantine, un coin correspondance, quelques jeux ou la possibilité d'écouter un disque.
D'abord il y eut 4, 5 foyers. Bientôt davantage. Puis, à partir de l'arrivée des troupes américaines sur le sol européen, leur nombre explosa. L'extension a été planifiée dans le cadre de l'effort de guerre négocié avec Pétain. Les foyers devinrent les « foyers des soldats de l'union franco-américaine ». A la fin de la guerre il y en avait 1500 réparties sur le territoire français.

L'enjeu était de soigner le moral des troupes. Celui-ci étant indispensable à l'efficacité des troupes au combat. Devant la brutalité de la guerre, ses atrocités absurdes, il fallait tenir. En 1917 divers signes montraient que le moral était délabré, voire vacillant sur certaines lignes de front.
Une page du Net évoquant le moral des troupes canadiennes :
Une autre du même site, le Musée canadien de la Grande Guerre, montrant un autre type d'intervention que les foyers, la fourniture de tabac aux troupes :

Un second enjeu, à plus long terme, expliquant l'engagement précoce de la YMCA, est proprement culturel. Les Américains s'efforçaient d'avoir une influence plus forte en Europe, dans un pays aux traditions religieuses différentes ; on pourrait presque parler d'une sorte d'acculturation évangélique-sportive-économique et sociale.

Le fil directeur suivi permet donc bien de voir , à partir du quotidien des Poilus et Sammies, par delà l'horreur même de la guerre, que la guerre remplit de facto des fonctions. Elle se révèle utile à la réalisation de certaines ambitions, dans un contexte propice aux initiatives publiques comme privées.
L'histoire militaire apparaît comme reliée à d'autres, l'histoire économique et sociale, l'histoire politique. D'où l'intérêt de recherches remettant en cause une vision tronquée de la guerre, bousculant les méthodes d'enquête centrées sur ce qui se passe au front pour envisager plus globalement les choses dans une approche pluridisciplinaire.

Un article de la revue Hérodote.net, d'André Larané sur l'entrée en guerre des Etats-Unis :

Après cet exposé original et instructif, le Recteur a fait le bilan des actions pédagogiques réalisées en 2013-2014, les projets du secondaire et ceux du primaire sous la dénomination des Petits artistes de la mémoire ».

M. le Sous-Préfet a également pris la parole pour faire un bilan d'étape. Il a donné quelques chiffres de Réunionnais mobilisés, regroupés à Madagascar et envoyés au front, parfois pour y mourir au champ d'honneur.

Il a ensuite évoqué la mobilisation citoyenne sur l'île, en commençant par mentionner les deux premières associations labellisées par la Mission du centenaire, Slamlakour et Centenaires commémoratifs.
L'implication des professeurs et des élèves dans des projets labellisés ou non, doit avoir pour rôle de construire un héritage commun. Héritage d'autant plus important qu'il s'agit aujourd'hui comme hier de rester vigilant, de se méfier de réflexes qui conduiraient à entretenir des dissensions sans fondement et même des ferments de haine au sein de la société.
Le projet cinématographique des élèves du lycée Roland Garros du Tampon (Première L1) a été donné en exemple. Mme Hoarau, professeur de cinéma de ce lycée a lancé la projection du film pour que chacun se rende compte de l'implication des jeunes talents.

La page (très fournie, beaucoup de réalisations à découvrir !) du lycée Roland Garros consacrée à la commémoration :
La page de l'équipe du petit film intitulé "Si la Grande Guerre nous était contée..."

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