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mercredi 23 avril 2014

Arte et France-Inter au rendez-vous de la Grande Guerre

Une nouvelle fois les chaînes publiques de radio et de télévision se démarquent de leurs concurrents. En proposant des programmes de grande qualité dans le cadre des commémorations.

Arte vient ainsi de créer un site dédié à la Grande Guerre, une "Machine à remonter le temps 14-18" qui permet au curieux de découvrir une trentaine de portraits. Un peu de tout.
Des soldats bien sûr, des deux bords. De simples troupiers de diverses origines ou bien des soldats incarnant les nouvelles formes de guerre, comme un aviateur, un prisonnier de guerre, un mutin exécuté pour l'exemple, ou encore quelques autres engagés remarquables comme Hans Dredow, cet Allemand ayant créé la première émission de radio pour les troupes dans les tranchées en 1917.
Mais les portraits sont aussi ceux de femmes et d'enfants, la foule des civils eux aussi jetés dans la guerre. Katharina Trefzer... morte de faim dans son asile. Un cycliste utilisant des roues à ressorts. Un vieil agriculteur contraint à utiliser des vaches pour tirer une charrue, à défaut d'avoir des chevaux blancs.

C'est par l'intermédiaire des dessins de Cyril Bonin qu'on remonte ainsi le temps et découvre ces pans de vie insolites ou effrayants.
Le site est très plaisant à consulter. Il faut le recommander à un très large public.


http://was-waere-wenn.14-tagebuecher.de/index
En complément, Arte.TV met en ligne un site d'actualités d'époque. Aujourd'hui la chasse à l'éléphant au Congo !
http://1914dernieresnouvelles.arte.tv/

Sur France Inter, Daniel Mermet vient de diffuser, mardi 23 avril, une émission consacrée aux passionnés qui s'efforcent de replonger physiquement dans l'époque non pas grâce à une machine à remonter le temps, mais en reconstituant des faits d'époque. C'est la living history venue des States... et fort bien acclimatée en France. Comme Valmy, les batailles de 14-18 ont leurs afficionados. Et l'investissement dans cette living history ne se limite pas à porter un costume bleu horizon, accroupi dans une tranchée fraîchement creusée au bulldozer. Cela se traduit par exemple par la mise au point de répliques assourdissantes de canons ou par la construction d'une "roulante" (fonctionnant au gaz pour plus de commodité... la fidélité historique ayant ses limites) ou même par le dressage d'un chien qu'on habitue aux coup de fusils pour en faire un porteur de nouvelles dans les tranchées !

Réentendre le son du canon ou goûter le rata des poilus ! Mais à quoi ça sert ? Pas à grand chose, vraiment! Une passionnée témoigne du mépris que certains professionnels de l'histoire lui vouent, à elle et aux autres doux dingues de son acabit... Mais il y a quelque chose de touchant dans cet effort pour faire revivre aujourd'hui des bribes du passé en voulant coller aux événements. Est-ce nostalgie ? Sans doute pas. Est-ce un loisir comme un autre ? Non plus ! Avec ironie, le site de Mermet la-bas.org présente le reportage de Charlotte Perry :
"C’est comme la pornographie, nous sommes contre mais nous sommes irrésistiblement attirés. C’est l’embouteillage pour reluquer l’accident de l’autre côté de la route, c’est la partouze vue des millions de fois sur un site porno. Aujourd’hui la partouze se démocratise, Patrick et Annick s’échangent entre amis le samedi soir dans leur pavillon de Romorantin. De même Jean-Pierre et Monique jouent à la guerre avec leurs copains. La bataille de Waterloo, le débarquement en Normandie, les tranchées de Verdun. Avec les costumes impeccables, les armes reconstituées, les chants, les cris, toute la mise en scène.
Les reconstitutions historiques font florès en France. Depuis longtemps aux États-Unis, la "living history", jeu de rôle grandeur nature, compte de nombreux passionnés. Bien sûr, les savants historiens méprisent ces mascarades d’amateurs. Tout comme l’esthète érotologue déplore la vulgarité du pornographe amateur. Que ces rapprochements intempestifs entre l’amour et la guerre ne blessent ni les uns ni les autres. Ici, nulle blessure d’amour, nulle blessure de guerre. Ici on joue. On joue à croire que jouer c’est déjouer. Apollinaire fit les deux, la guerre et l’amour, celle de 14 dans les tranchées et la pornographie la plus débridée. Il avoua cet inavouable. Ah Dieu ! que la guerre est jolie !
"
L'émission s'intitule "Ah dieu que que la guerre est jolie". On peut la retrouver en podcast :
http://www.la-bas.org/podcast.php3

Sur le site la-bas.org, elle a une petite bibliographie :

La Grande Guerre : le premier jour de la bataille de la Somme reconstitué heure par heure, une bande-dessinée de Joe Sacco (2014, aux éditions Futuropolis)

Calligrammes : poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916), de Guillaume Apollinaire (première parution en 1918 aux éditions Mercure de France)

Le roman inachevé, de Louis Aragon (1956, éditions Gallimard)

Et d'autres émissions anciennes sont proposées à la réécoute : "On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels", "Craonne, sa chanson, ses mutins", "le général Mangin"...

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